C’est une histoire émouvant qui s’est déroulée mardi dernier à Trifouille, dans la Haute-Loire, quand Maxime, 19 ans, étudiant en Lettres Modernes à St Etienne, a été élu président de son AAPPMA « Les Barboteurs Gaulés ».
Pourtant, rien ne prédisposait ce garçon « banal » selon le mot de ses parents, « inintéressant » selon ses amis et même « transparent » selon ses professeurs, à honorer de si hautes fonctions : « Au début, raconte-t-il, je suis venu parce que Stéphane Durand-Robin avait fait un appel vibrant à la participation démocratique dans les AAPPMA ». Porté par le message libérateur du leader charismatique de Culture Fish, Maxime n’en était il est vrai pas à son coup d’essai, mais avait dû une première fois différer son action médiatique, comme il nous l’explique : « J’avais lu dans Predators que l’on pouvait avec le permis de pêche dématérialisé choisir dans quelle AAPPMA acheter son permis. Séduit par les actions de « la Gaule et les Boules », dans le Var, qui réunit pêcheurs et boulistes — mes deux passions ! — j’avais il y a deux ans pris mon permis chez eux. Mais 760km en scooter, c’est long ! ». Maxime n’avait donc pas pu s’investir dans son AAPPMA locale.
Ce n’était que partie remise. Et si l’élection avait mal commencé pour Maxime, ses amis s’étant tous trouvés de bonnes excuses pour ne pas venir (partiels, horaires de travail chez Macdo, fatigue d’une journée de travail commencée à 7h30), beaucoup ne voyant pas l’intérêt « d’aller se faire chier à 21h dans un trou paumé à 1h de route pour écouter une bande de poivrots », Maxime s’entêta à « vouloir changer les choses. » La mauvaise foi des pêcheurs de la nouvelle génération, sans doute radicalisés par des années d’assistanat, n’a pas suffit à arrêter Maxime qui s’est donc présenté avec sa petite amie aux élections de son bureau…
… et qui s’est même présenté deux fois, puisque la première fois, le président en place, Paul Baranger, entourés de la demi-douzaine de ses amis du bureau qui s’apprêtaient à se réélire, recula d’une semaine l’élection. Ce président, à la tête d’une Aappma de près de 300 cartes, toutes masculines à l’exception de la petite amie de Maxime, craignait en effet que la présence d’une femme ne faussât le résultat démocratique. Maxime dût donc revenir le mardi suivant, sans son amie, pour présenter son projet aux sept votants présents.
C’est alors que, coup de théâtre, Paul Baranger, visiblement ému par l’acharnement et la conviction de Maxime, refusa de se présenter pour un nouveau mandat. Maxime, seul candidat, fut donc élu, avec 100% des voix, soit 4 bulletins (un cinquième bulletin ayant dû être compté nul en raison d’une tâche de gras qui désignait l’ancien trésorier et responsable de la buvette, Marcel). Une belle victoire pour la démocratie et un signe fort en direction de la jeunesse. Mais aussi beaucoup de pain sur la planche, puisque Maxime devra dorénavant répondre de la trésorerie de l’Appma, qui présente d’importants frais de bouche, comme nous le précise le commissaire divisionnaire qui ouvrit une enquête pour faux et usage de faux, abus de confiance et abus de bien sociaux contre l’association, seulement quatre jours avant l’élection qui adouba Maxime.
Maxime qui ne tarda donc pas à décevoir les espoirs placés en lui. Est-ce la lecture d’auteurs homosexuels ou communistes qui incita ce jeune garçon à basculer dans la délinquance en col blanc ? Est-ce son refus de consommer de l’alcool ou sa préférence pour le cannabis qui explique cette déviance ? Toutes les hypothèses demeurent ouvertes, tandis que les enquêteurs ont mis en détention préventive ses professeurs de fac et placés sous surveillance judiciaire sa petite amie et sa famille. Pour assurer l’intérim et ne pas laisser les baux à l’abandon, Marcel Baranger, l’ancien trésorier de l’association et par ailleurs pêcheur professionnel bien connu de la région, a eu l’autorisation de racheter au franc symbolique l’APPMA. Nul doute que cette privatisation intervient au moment opportun, alors qu’il est important de faire oublier le souvenir douteux de ce Maxime, même si monsieur le Maire de Trifouille, Paul Baranger à nouveau, préfère ne pas s’étendre sur cette affaire, par une pudeur bien compréhensible que nous respectons ici à La Tribune, Le Grosprès.
Jacques Baranger.
Une « information » de l’Agorafishing