Kevin est un de ces carpistes de la « première heure » qui, quand il fronda sa première bouillette il y a quatre ans, n’imaginait pas que l’évolution de cette pêche serait si décevante : « A mon époque, se confie-t-il un peu amer, c’était autre chose… En 2013 il y avait un vrai respect pour les carpistes et les autres usagers de la rivière, et quand on croisait une batterie à 10 000€, on s’arrêtait pour échanger, partager des connaissances. On devenait très vite amis sur Facebook. Aujourd’hui, c’est plus pareil. » Mais quand on le presse d’en dire plus, Kevin hausse les épaules : « c’est plus pareil ». Beaucoup de pudeur…
De ce qu’il a gardé de ces années-là ? Un code d’honneur, un code vestimentaire surtout. Le treillis et tout l’attirail paramilitaire lui semble le mieux représenter les valeurs de sa génération : « celui qui me verra m’isoler dans les fougères sans ma pelle US n’est pas encore né. » Un pur et dur, un vrai, dont les valeurs, quoiqu’inoxydables, ne le privent pas d’une belle tolérance : « je vais encore parfois sur les enduros… mais c’est plus pareil. »
Sa modestie le pousse à rester discret : « vivons heureux, vivons cachés, c’est ma devise ». Et pour plus de discrétion, son bivvy fait 46M2 au sol, « pour éviter les regards indiscrets : il y a des rageux qui aimeraient bien me piquer mes coins ou me recettes de bouillette. » Et il est exact que les spots accessibles depuis le parking ne sont pas si nombreux. Est-ce pour cela qu’il sera finalement reconnu pendant notre interview par des « rageux » ? « Cette fois tu ramasseras tes canettes » lui lance un autre carpiste qui s’éloigne peureusement dans son pneumatique, la voix à peine couverte par l’absence de bruit de son moteur électrique. Décidément la jalousie n’a pas fini de harceler Kevin et tous ceux qui, comme lui, gardent le temple d’un Âge d’Or dont ils sont le meilleur camouflage…
Une « information » de l’Agorafishing