Carp on the fly… Le tepu rig

Il y a un truc qui m’a toujours gonflé, ce sont ces putain de carpes qui longent les bordures quand il y a un coup de chaud. Je ne sais pas, ça me nargue. Là où je crèche à Tours, il y en a plein dans le Cher, juste en bas de l’immeuble. Dernièrement, je leur ai fait un plan bien tepu pour les niquer…

Je commençais à me vénère de voir mes potes JC ou l’Dentiste s’exhiber sur FB avec des carpass’ ligotées dans de la soie, genre je suis grosse mais je pète dans du Aubade. Alors je suis allé chercher du maïs doux à Lidl, comme d’autres iraient en lousedé acheter leur barrette, tu vois. Le premier soir, je me suis contenté d’en balancer un peu partout dans les châtaignes d’eau. Juste pour qu’elles goûtent. Stratégie de dealer, quoi… Puis je suis allé faire chier les chevesnes.

capture-decran-2017-03-06-a-14-36-31Le deuxième soir, j’ai chopé une seconde boîte de maïs doux. J’étais emmerdé avec ces plantes de merde, car à la moindre châtaigne justement, je savais que j’allais me faire fouetter avec mon 16centièmes de tapette. J’ai donc tout coupé, je n’ai laissé que la queue de rat en 23, et j’ai accroché un méchant Sumo number 10.

Avec le maïs doux, tu vois, tu peux faire quelques faux-lancés si t’es pas trop bourrin. Le plus dur, c’est de faire en sorte de poser la grappe juste assez près de la carpe pour qu’elle le remarque, mais pas trop pour qu’elle trace pas. Car ça a pas de couille, une carpe, je ne te l’apprends pas. Et plus c’est big moins c’est couillu — et là je ne ferai aucune remarque. Bref, ça ne doit pas tomber trop près, mais pas trop loin non plus, sinon ta carpe ben… soit elle ne pane pas que tu tapines comme une Libanaise sous coke, soit elle met une plombe à se pointer et ton maïs il se pose au fond avec ta soie emmêlée dans une tige, à te courir sur le haricot par la même occaz.

Je me suis aussi aperçu que deux ou trois grains ça ne sert à rien sur un hook ; les carpes, elles s’en méfient. Ces cons de carassins ils kiffent mais… ils ont du mal à se foutre ça dans le cornet, genre rencontre fortuite d’une pucelle et d’un deepthroat, comme dirait Lautréamont. Donc un hameçon taille douze ou quatorze avec un unique petit grain de maïs bien jaune, là… Pourquoi jaune ? Parce que tu peux le choufer sous l’eau, dude !

capture-decran-2017-03-06-a-14-36-21Bref, tu commences à arpenter la berge, accroupi comme un gonze qui démoule, pendant que les meufs qui passent se tapent des barres sur ton zen. Là, tu te rends assez rapidement compte qu’il n’y a que deux ou trois postes où tu peux t’approcher sans te faire griller. Et je te cause pas de pouvoir combattre un poisson sans t’en sortir le nez pété. Donc tu vas balancer ton maïs là et pas ailleurs. Je sais que c’est moyen sympa de filer de la bouffe américaine transgénique à ces pauvres carpes, mais c’est moyen sympa aussi de leur coller des hameçons dans la bouche, alors tu fermes ta gueule.

Très vite, tu vas te rendre compte que les plus grosses carpes sont les plus dures à décider. On dirait qu’elles ont déjà eu leur pain des connards au feeder et autres casseurs de bouill’. Mais tu vas aussi vite kiffer le people qui zone dans le coin : des koï, des brochets, des cheyennes, en fait y’a un monde fou sous ces touffes — c’est bien simple on dirait ta mère. Mais pour ça il faut rester immobile, et comme ton daron c’était la téloche et pas Bachelard, et ben t’y arrives pas, t’es pas capable de rester concentré plus de trente secondes et c’est un peu pour ça que tu rames au lycée et que ta meuf elle dort en centre-ville chez un bobo. Mais bon c’est pas grave, t’as toutes tes soirées pour mater des séries trop cool et jeter du maïs à des carpes qui n’attendent pas non plus après toi. T’es même pas obligé de te doucher en rentrant, comme ça tu continues un peu à chèpe entre deux rêves de uk. Attends je m’égare, et il y a une p’tite commune qui s’approche…

Bon, pendant que je me foutais de ta gueule j’ai un peu perfectionné mon truc. D’abord, je me suis rappelé de mon passé de carpiste. Il y en a qui ne savent pas s’ils sont des tantes jusqu’à quarante balais, moi je vais mater des ballets avec ma meuf mais je sais que je ne suis plus carpiste. Mais je n’oublie pas que c’est une putain de belle pêche bien technique, et le gars qui a inventé le nœud sans nœud, je lui tire ma casquette Effzett, parce qu’avec le Palomar et le Okuma, il n’y a rien d’autre à connaître pour aller à la pêche (ok, p’t’être le double baril, mais ça c’est parce qu’on est des enculés de moucheurs : si tu veux prendre une carangue avec un double baril, tu peux commencer à essayer de te soulever toi-même en mode baron de Crack — ou à en fumer, du crack). Donc je fixe un cheveu à mon hook#14 par un knot-without-knot et là, surprise : le maïs doux, il tient vachement mieux.

Ok, t’es un blaireau tu sais pas faire un nœud sans nœud ? Viens prendre des cours chez les carpistes :

Tant qu’à faire, apprend aussi le palomar et le nœud Okuma, t’auras moins l’air d’un con :

Le maïs sur son petit cheveu tout seul de tête à Rousseau, tient vachement mieux à la touche et au faux-lancé, et surtout, il résiste mieux aux touches. Je peux donc rendre un peu à la main avant de leur patater la gueule. Surtout avec les carass’ qui ont la délicatesse d’un ripper (ouais, un éboueur) un lendemain de cuite.

Donc avec mon cheveu j’ai commencé à rater moins de poissons. Il faut dire que mon amorçage commençait à faire effet. Le troisième jour, il faisait moins cagnard, les carpes s’étaient barrées. Mais quand j’ai jeté mon maïs, je les ai vues rappliquées genre la BAC, moins la Clio pourrie, mais avec le même regard fou et la même haine des couleurs. Je voyais mes petits jaunes se faire déchiqueter, ça m’a rappelé Apocalypse Now. Et quand mon montage tepu est descendu, j’ai cru qu’il allait se mettre à nager en direction de la berge tellement ça puait la mort pour lui. Je crois que je n’ai pas vu la carpe se pointer. J’avais l’impression de balancer Brad Pitt dans un lycée agricole : en trois secondes il y en avait une qui avait tout aspiré.

capture-decran-2017-03-06-a-14-35-48Ferrage, mise au sec, release un peu wild genre le plus grand manège du monde pour ne pas péter le poste, et voilà les carass’, larges comme le dos d’une nageuse est-allemande, qui s’organisent en casseurs. Un, deux se font niquer… la racaille s’est dispersée. Il est temps de changer de poste.

Mon pote Fred, qui est un pêcheur fada, genre le vrai pêcheur, celui qui préfère une bière à une bebom et une carpe à une binouz, m’avait filé des imitations de maïs de Marukyu. Ca tient un peu mieux encore que le vrai mais putain c’est mille fois le tarot ! Mais je ne crache pas dessus, et je découvre le combo ultime : imitation + vrai grain sur le même cheveu. Génocide…

… jusqu’à ce que le soir arrive et que mes deux postes amorcés aussi soigneusement que des 06 de bonasses commencent à baisser en rendement. Pas grave : les moustiques me foutent la paix, et comme à la coloc’ l’appart est crade je suis mieux à traîner de la merde entre les doigts de pied que les doigts de pied entre des merdes qui traînent. Je laisse donc mon panaché de force 4 agoniser au fond sous les coups de lattes des baby chub quand je crois bien voir une grosse ombre passer… mais entre chien et loup tu crois voir beaucoup de choses. Un jour au Sénagal j’ai pris une vache pour un singe. Tiens, le fil bouge. Il remonte même le courant. Pas besoin d’avoir fait une thèse de physique pour savoir qu’une de ces salopes est venue en douce se taper son drive.

Voilà mais quand j’ai ferré, j’ai pigé qu’elle dînait en mode mi doggy bag, mi car jacking : j’ai senti la soie me lâcher la main (de l’été, c’est la fin, les éboueurs ont perdu leur parfum…) ; une seconde plus tard, mon p’tit vingt centième de tarlouz me revenait à la gueule. Vraiment des tepu ces carpes.

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