Marococo : un presque capot du bled

img_8650Toutes mes expériences marocaines furent des demi-déceptions. Je ne parle pas de l’accueil et de la bonté des Marocains, ni de la beauté renversante de leurs femmes, moins encore des paysages et des souvenirs impérissables forgés là-bas, mais de la pêche, bien sûr. Excepté le lac de Ouarzazate à l’occasion d’un tournage pour Seasons avec Ryusuke, Thomas Vogels et François Carré, les poissons étaient petits, rares… ou les deux à la fois. La faute à la pêche au filet, souvent, au gestionnaire parfois, à la pauvreté, clairement. À pas de chance, aussi, c’est vrai.

Ce nouveau voyage, je l’ai donc envisagé comme une manière de revoir ce beau pays, et je n’ai pas hésité à accepter l’invitation de Stéphane. Aristote faisait remarquer que la danse se suffit à elle-même. On danse pour danser. Je dirais : le voyage, aussi. J’avais réussi à réunir dans 23kg et une valise de quoi pêcher du weightless au swimbait de 180gr… et dans de bonnes conditions. Cinq combos devaient m’y autoriser, mais aussi un peu plus de moulinets. Grâce à Patrick Salord venu pêcher la carpe, je disposais même d’un repère en H !

capture-decran-2018-03-05-a-14-25-45Reste qu’on parle bien ici de pioneering au carré. Ma présence ici n’était motivée que par l’observation par un carpiste, de bass au bord pendant la période de repro… pas d’info sur la taille et la densité, juste qu’il n’y a pas de pêche au filet. Fallait-il abandonner femmes et enfant (sic) pour si peu ? Je crois que oui, définitivement !

J’avais aussi pris le risque de vider toute ma tresse (sauf sur un moulinet pour les swimbaits et les frogs) pour y installer un soft fluorocarbone nouveau, celui de Prologic, et que je dois dire absolument excellent. Validé, il continuera d’équiper mes combos black-bass !

Bref. J’atterrissais début novembre à Casablanca pour une semaine de pêche sur une destination totalement vierge : Ait Messaoud. Le gars qui a récupéré l’amodiation n’est pas un petit nouveau, lui, mais un certain Marc, que les carpistes connaissent pour avoir été le maître des lieux sur Bin el-Ouidane.

Comme prévu, la pêche ne sera pas au rendez-vous. Impossible le premier jour d’observer un capture-decran-2018-03-05-a-14-24-55poisson de plus de sept centimètres. Pas une touche, pas le moindre signe de vie, en fait. J’ai arpenté le lac côté barrage sur des kilomètres, sur une barque avec moteur 2cv pétaradant, à pieds pendant des heures et explorant chaque poste. Au crépuscule du premier jour, et quoique certain déjà que la densité n’y est pas, il me restait donc deux options : soit les poissons sont en amont du lac, soit ils se tiennent en profondeur. Le problème était qu’avec l’embarcation qui m’était mise à disposition, il m’était impossible de pêcher correctement la pleine eau ou de m’éloigner du camp de base. Deuxième jour, donc, grasse matinée. J’ai bien fait : nos hôtes n’ayant jamais à réussi à trouver de l’essence pour le quatre temps, j’étais donc cloué au barrage, j’ai envie de dire crucifié — condamné à attendre. Je tenterai même de pêcher l’édifice lui-même, mais des sifflets et quelques mots d’arabe dont le ton suffisait à délivrer le sens me réexpédièrent au campement de base. Comme on dit, j’avais le « seum »…

Mes deux amis carpistes n’avaient pas beaucoup de chance non plus. La faible activité du poste observée le premier jour avait cessée, ils étaient capots. La théorie était que le marnage négatif entrainerait une cessation complète de l’activité alimentaire. Des carpes, d’accord, mais des bass ?

Il n’y avait décidément aucune vie. Mais en posant ces lignes, Patrick remarqua que des échos se tenaient dans deux mètres. Quelques coups de vibrations m’informèrent que des herbiers s’y tenaient. J’empruntai le Zodiac, armé d’un dropshot : les perches-soleil étaient là. Mais pas les bass.

img_8699Je demandai donc à ce qu’on m’apporte un vrai moteur capable de nous emmener explorer l’amont du barrage. Las ! nous sommes au Maroc, et entre une demande et sa réalisation il peut se passer beaucoup de temps ! Si le moteur mit une journée à venir, il fallut encore attendre l’essence un jour de plus… Mais en me promenant jusqu’au camp de base, je prenais rapidement mon premier bass sur un arbre immergé découvert par le marnage. Un petit poisson, mais qui m’encouragera à poursuivre vers l’amont. Un endroit merveilleux, au paysage envoûtant… mais vide de toute activité.

Nous décidâmes tout de même de déplacer notre camp de base vers cette nouvelle zone amont. J’y effectuerai mon dernier coup du soir, et prendrai mes dernier bass… là où je capturai tous les autres en fait. Aussi plutôt qu’un long discours stérile, je vous propose ce petit visionnage qui à défaut de poisson donne une bonne idée de l’ambiance !

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