Pourquoi Savage Gear est-elle en train de conquérir le monde ?

C’est un fait : je suis très fier de travailler pour Savage Gear. Or, c’est aujourd’hui l’anniversaire de Mads Grosell, ce pourquoi je voudrais dire quelques mots sur le succès de ce personnage et de la marque qu’il défend corps et âme…

Une introduction en forme d’aveu : j’ai partie liée à cette marque. Toutefois, il me semble aussi pouvoir en parler quelque peu, puisque je la connais de l’intérieur. Tout d’abord, j’ai eu la chance de côtoyer de très près et très souvent Mads Grosell.

th-1Bien sûr, il y a des raisons structurelles à ce succès. Il y en a toujours. Si Svendsen Sport n’avait pas un jour racheté la petite société Prologic, son fondateur et chef produits Mads Grosell n’aurait jamais connu un tel succès avec ce qui s’est appelé un temps Prologic Savage. Bien sûr et à l’inverse, Mads Grosell est un concepteur de génie, mais on peut encore trouver d’autres causes, d’autres circonstances à ce succès. C’est de ceux-là que je voudrais parler. Cet article ne traitera donc à proprement parler ni de Svendsen Sport ni de Mads Grosell, ni même de Savage Gear.

th-3En remportant quatre prix internationaux en Europe et aux USA, le Suicide Duck marque une étape dans l’histoire de la pêche aux leurres : les Européens peuvent surpasser les Japonais comme les Américains. Mais pourquoi ? Et pourquoi pas un Français ?

Les Français ne sont pas hors course. Le succès mondial de Patrick Sébile est là pour le prouver. Mais cette fois les raisons structurelles sont prédominantes : sans minimiser le talent de Patrick, qui est réel, celui-ci s’est trouvé bénéficiaire de conditions économiques hors du commun, une véritable carte blanche qui n’est malheureusement pas offerte à tout le monde — et même franchement à personne.

th-2mads_grosell_gadda-705x529Le cas Savage Gear est davantage un cas d’école. On apprend quelque chose à contempler ce succès. La première de toutes, c’est que Savage est l’une des seules marques à avoir longtemps et presque exclusivement travaillé la pêche du brochet. Une fois déversés sur l’Europe tous les leurres américains et japonais pour le black-bass, s’est ouverte une évidence : nous ne pêchons pas le bass, mais le brochet. C’est de la sorte que Savage Gear a réussi à faire changer les habitudes des pêcheurs français, les amener à pêcher bigbait (alors que le bigbaiting bass n’est que dimensionné de justesse au pike fishing) : plutôt que de pêcher le brochet avec des leurres à bass, pourquoi ne pas pêcher le brochet avec de vrais leurres à brochet ?

Cela a permis à Savage Gear de se présenter sur le marché européen en étant adéquat et original à la fois.

Mais le Danemark lui-même n’est pas étranger à cet état de fait. J’ai eu la chance de pêcher un peu partout dans le monde, et ce que je peux dire, c’est qu’on progresse plus vite quand on prend du poisson. C’est le cas au Danemark : chaque fois que vous pêchez bien, que vous faîtes ce qu’il faut, vous attrapez un poisson. En France malheureusement, dans de nombreuses régions le talent ne fait pas recette, et l’on peut pêcher des heures de la bonne manière sans être récompensé, donc — et c’est pire — sans rien apprendre. Il faut alors imaginer à quelle vitesse Mads a pu imaginer, tester, améliorer ses leurres ! Ce gain de temps pèse lourd dans la conception de leurres. D’autant que toutes les configurations de pêche sont immédiatement disponibles en Scandinavie.

thCela permet donc à Mads d’être hyper réactif quant aux nouvelles tendances, et de les améliorer en peu de temps. J’ai toujours été surpris de la vitesse à laquelle Mads assimilait une information halieutique et la régurgitait sous forme de concept. Son perfectionnisme ne serait d’ailleurs pas possible sans cette population de brochets dont il dispose. Par exemple, cette année Mads revient avec un accessoire permettant de modifier l’armement des Line Thru Trout pour minimiser les ratés, idem avec son Suicide Duck qui, à peine sorti, se voir livré dès le deuxième arrivage (en décembre) avec un accessoire permettant d’optimiser l’armement et ne plus manquer les brochets et les petits bass.

Or, c’est ce point que je voudrais aborder maintenant : Savage Gear ne se moque pas de ses clients. Est-ce une vanité de la part de Mads Grosell, est-ce simplement du professionnalisme ? Je ne sais pas, toujours est-il qu’on ne laisse pas sur le marché un leurre bancale, et surtout on n’hésite pas à modifier ce qui marche. Combien de firmes prennent simplement l’argent des clients sans se soucier de la suite une fois au bord de l’eau ? Vous pouvez me croire qu’il y a même bon nombre de baits qui sont mis sur le marché sans jamais avoir touché l’eau. Cela est strictement impossible chez Savage Gear.

Car Mads est un pêcheur passionné et n’a jamais cessé de l’être. Avec son succès planétaire, il ne s’est pas mis aux bagnoles, aux plages blanches, il a continué à pêcher, toujours plus, et n’a jamais délégué la moindre responsabilité sur la conception et le test des produits. C’est une qualité que j’admire chez lui. il ne semble pas même connaître les hausses et les baisses cycliques de motivation que tout pêcheur ressent naturellement. C’est véritablement une bête de pêche. Son succès est alors grandement mérité.

Et l’avenir ? Je ne le connais pas. De toute évidence, Savage Gear est allée au bout de son expertise sur le brochet, il sera difficile de faire mieux et plus. Ce sont donc les autres pêches qui intéresseront toujours davantage la marque danoise. Avec les Line Thru Trout, on atteignait déjà les rivages d’une tradition US du bassfishing, mais on était encore de plain-pied dans la pêche du brochet. Mads parviendra-t-il à exceller dans les autres pêches comme il le fit avec le brochet, la truite de mer ? C’est la grande inconnue de l’aventure Savage Gear, et ce sera peut-être la motivation pour un nouvel article.

 

3 Commentaires

  1. Très belle article mon pote !!

  2. Excellent billet Numa! Et je parirais volontiers que l’ingéniosité et la créativité ne sont pas terminées. Les leurres, les vêtements, le terminal tackle, l’accastillage bateau, … C’est sûr, des choses restent à faire pour cette marque dynamique et si inovante. Enfin, il faut également souligner les tarifs abordables appliqués à des produits offrant une excellente technicité. Le Savage Gear ay of life!

  3.  » Enfin, il faut également souligner les tarifs abordables appliqués à des produits offrant une excellente technicité.  »

    Je plussoie !

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