C’est une mésaventure à laquelle on ne s’attend jamais, mais qui peut arriver à n’importe qui. Damien, 16ans, n’en revient pourtant toujours pas : « je croyais qu’elle m’aimait ». Aimait-elle surtout la probité, à en croire sa réaction, à la fois noble et, il est vrai, un peu brutale jugeront certains.
C’est le 3 janvier dernier que Damien commande sur Internet une pochette de shads de 5pouces et quelques têtes plombées. Quelques jours plus tard, le facteur présente le colis, qu’accepte sa mère. Mais celle-ci se méfie de quelque chose : « j’ai déjà vu Damien — qui est un gentil garçon — faire des choix de consommation irrationnels. Sa crise d’adolescence n’est pas encore passée. Aussi j’ai voulu vérifier le contenu du carton. » Et là, stupeur, sa mère découvre que le modèle de shad choisi par Damien ressemble étrangement à un shad commercialisé par une autre firme deux ans plus tôt : « une queue en battoir, les flancs aplatis, la forme allongée, la possibilité d’installer le leurre sur une tête plombée… tout évoquait à ma mémoire un autre leurre dans la boîte de mon fils. »
Bien sûr, la maman de Damien, qui est sage, referme le carton et attend le dîner pour entamer un dialogue avec son fils. Mais la petite amie de Damien est aussi présente, qui assiste à la scène. Elle témoigne : « Je n’en revenait pas. Damien avait trahi ma confiance et celle de sa mère. Si celle-ci n’avait découvert son mensonge, je ne sais pas s’il m’en aurait parlé un jour. » C’est alors que celle que nous appellerons Nathalie pour préserver son anonymat, prend la plus courageuse décision de sa vie : « je lui ai rendu le petit top H&M qu’il m’avait offert pour nos cinq mois ensemble, et je suis rentré chez mon père. » Damien, abasourdi, regrette bien évidemment son geste : « je ne pensais pas que cela aurait de telles conséquences. J’ai davantage conscience aujourd’hui de l’importance d’acheter des leurres innovants comme des shads de forme allongée, aplatis sur les flancs et avec une nageoire en battoir, pas de vulgaires copies vaguement allongées, aplaties sur les flancs et pourvus d’une stupide queue en battoir. Je voudrais qu’elle revienne. »
Hélas, comme le disait Shakespeare, « what’s done cannot be undone ». Il est fort à parier que Damien se mordra longtemps les doigts de son imprudence et du mal qu’il a fait autour de lui.