Être poisson est le film d’un amoureux de la rivière, peut-être plus encore que d’un amoureux de pêche. A la fin du film on se demande en effet : pourrais-je encore les pêcher ? Le film est une telle immersion (sic) dans l’univers des poissons, qu’on se sent plus proche d’eux, que se brise en tout cas cette distanciation nécessaire à l’acte de prédation qu’est la pêche. Car no kill ou pas, inutile de se voiler la face : on ne ferait pas cela à son chien.
J’ai donc aimé. Beaucoup. Parmi toutefois ce que j’ai moins aimé, il y a les commentaires écrits censés décrypter les images. J’aurais préféré que les images se déroulent sur la musique, voir dans le silence, en tout
cas sans des explications qui font ressembler le film par moment à un projet pédagogique pour écoles primaires. Reste qu’à mon avis, et si le film mériterait que le montre à tous les enfants de classes de primaire c’est vrai, le film est bien un projet pédagogique : Philippe Carrière est un militant dans l’âme. Quoi qu’il fasse, c’est pour convaincre. Et le film dit beaucoup de la solitude d’un homme qui est sans doute l’un des seuls à vraiment apprécier la beauté inouïe de nos rivières.
On se rend en effet compte que nos rivières n’ont rien à envier à nos océans. Que de beautés ! Philippe a compilé les meilleures images, et c’est d’une splendeur… Petit je regardais les émissions de Cousteau, aussi je me suis senti projeté en arrière, loin vers mon enfance, dans le salon de mes grands-parents. Mais je me suis senti en outre comme déniaisé : en me vendant l’exotisme des pingouins et des baleines, la télévision n’occultait-elle pas la beauté de ce que j’avais sous les yeux ?
J’aimerais un jour plonger à mon tour avec Philippe. Rendez-vous pris ?
Le film est tellement plein de surprises… L’apparition du castor, le comportement extraordinaire des silures, la cohabitation des espèces qui tranche avec les discours suranés sur la nuisibilité. Certaines images sont parmi les plus belles qu’il m’ait été donné de voir ! Rien que pour ce silure pris dans un hamac végétal de fortune, cela valait la peine…
Mon fils est resté accroché aux images jusqu’à la fin ; je ne savais pas que j’avais l’air si niais, quand je regardais les aventures de Cousteau !
Pour commander : écrire un message à Philippe !