Qu’est-ce qu’un pattern ? (part.4) Entre action et contemplation

C’est maintenant que nous abordons un des points essentiels dans la compréhension du pattern.

Si un pêcheur ne cherche pas par son pattern à imiter la nature, ni même seulement à coller à une situation, c’est qu’il travaille son pattern. Il met les mains dans l’eau, il crée ses propres conditions de pêche. On crée son pattern tout autant qu’on le trouve. On « travaille l’eau », selon l’expression de Kevin Van Dam.

IMG_4320 (1)Un lipless crankbait dont la rattling transperce le silence des eaux, un jointed qui semble venir chasser dans un banc d’alevins tout entier destiné à un banc de perches jalouses, une frog qui vient déranger l’ordre immuable des feuilles de nénuphar… Tout cela rime avec un travail du pêcheur sur le milieu, exactement comme un potier lisse et modèle la matière qu’il travaille. Dans la boîte de nuit du début de l’article, c’est quand Numa drague la moche pour rendre jalouse la belle, ou quand Greg provoque sa proie en lui affirmant qu’il en a « attrapé des plus grosses qu’elle ». En physique quantique, on apprend que l’observateur détermine la trajectoire d’une infime particule rien qu’en anticipant sa destination probable. Il en va un peu de même à la pêche. Rien de ce que nous faisons demeure sans incidence. Il faut donc apprendre à le maîtriser et à s’en servir. Tout le monde connaît le bon vieux truc de quelques passages au stickbait pour réveiller une zone. C’est exactement de cela dont il s’agit.

IMG_1403Il faut donc que la technique s’inscrive dans une stratégie. On peut commencer à pêcher une petite pièce d’eau en lançant des grands coups de vibration, mais la pièce d’eau ne sera plus la même après. On ne pêchera plus tout à fait le même étang, donc ce ne seront plus les mêmes patterns qui s’appliqueront. Ce peut-être tout bon ou tout mauvais… Tout cela pour répéter que le pattern se modélise dans la tête du pêcheur, que celui-ci conforme les conditions de pêche à l’idée qu’il s’en fait, au projet qu’il a. Il faut vous imaginer peindre un tableau ou écrire un roman. Vous avez une idée plus ou moins précise de ce que vous voulez faire, mais à mesure que votre main agit, vous vous surprenez à découvrir des personnages un peu différents de ceux que vous aviez imaginés. A la fin, vous êtes le premier à les découvrir, un peu comme si vous n’en étiez pas l’auteur. Et bien la pêche c’est pareil et l’inverse à la fois. On a toujours un peu l’impression que le pattern était là avant qu’on arrive, alors que nous en sommes à au moins cinquante pourcents les auteurs…

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